Reportages

Canaux en détresse, l’appel au secours d’un canal en 2021

 

Je suis un canal en détresse …

L’un de ceux qualifié de « petit gabarit » ou « Freycinet ».

Sur environ 4000 kilomètres, nous constituons, mes confrères et moi, près de la moitié des voies navigables françaises.

Depuis la naissance du réseau fluvial au 17ème siècle, de nombreux bateaux de commerce ont utilisés nos voies participant ainsi au développement économique de notre pays et notamment à celui des villes et villages que nous traversons.

Hélas, ce mode de transport pourtant écologique est en voie de disparition.

La navigation de commerce ayant pratiquement disparue de notre réseau, nous devons maintenant notre survie au tourisme fluvial et la navigation de plaisance.

Mais pour combien de temps encore ?

En effet, année après année, ce patrimoine fluvial que le monde entier nous enviait est de plus en plus délaissé faute d’entretien suffisant.

Pire encore, un nouveau danger mortel a fait son apparition et il y a urgence à agir.

La prolifération des plantes invasives

La prolifération des plantes invasives et notamment du myriophylle est un vrai fléau qui se développe à très grande vitesse.

Ce problème ne date pourtant pas d’hier car il est apparu voila 8 à 10 ans selon les endroits.

Petit à petit les différents canaux sont infestés les uns après les autres, de même que les portions canalisées des rivières, rendant difficile et même parfois impossible la navigation.

A ce jour, aucune solution « biologique » n’existe pour enrayer ce phénomène.

Afin de permettre le maintien de la navigation, l’organisme gestionnaire VNF (Voies Navigable de France) utilise une méthode qui consiste à couper et ramasser les herbes.

C’est le « faucardage ».

Dans les reportages qui vont suivre, vous allez voir le fonctionnement de ce système, mais aussi les limites de son efficacité.

Mais vous allez surtout pouvoir mesurer l’étendue du problème.

Alors, place aux images …  (voir dans la vidéo)

 

Impressionnant, non ?

Mais qu’en est-il en 2021 ?

Voici quelques photos prises par des plaisanciers ces deux derniers mois, en début de saison, et cela n’a rien de bien rassurant pour la suite …

( voir dans la vidéo)

A l’heure du bilan.

Force est de constater que rien n’a changé, hélas.

Au contraire, la situation empire de joue en jour.

Faute de solution « biologique », il ne reste que le faucardage pour gagner du temps et limiter l’invasion, le temps de trouver un moyen radical pour en venir à bout.

Mais toutes les bonnes intentions énoncées dans les reportages ne servent à rien, si non suivies d’effets.

 

Alors moi, pauvre canal en péril, je lance un appel

A l’Etat, à VNF, mais aussi aux collectivités locales.

Assez de débats ou de colloques si chers à tous les technocrates.

Voila presque une dizaine d’années que cela dure.

Il est grand temps d’AGIR !

 

Alors OUI, il faut utiliser le faucardage, seul moyen de lutte à l’heure actuelle.

Mais il ne faut pas se contenter de faire un passage quand la navigation devient difficile.

Il faut passer la faucardeuse à intervalles réguliers et autant que nécessaire.

Alors OUI, ça coûte de l’argent, même beaucoup, mais c’est à ce prix qu’on sauvera les canaux.

Alors OUI, il faut donner à VNF les moyens financiers et humains indispensables à cette fin.

Il faut que VNF et les collectivités locales travaillent ensemble pour additionner leurs moyens.

VNF doit aussi soutenir les initiatives privées qui vont dans le bon sens, chercher à collaborer plutôt que les voir d’un mauvais œil ou comme concurrence.

Sauvegarder les canaux n’est pas que favoriser le loisir de quelques-uns, c’est d’abord se soucier de l’avenir économique des activités en lien avec le fluvial, loueurs de bateaux, chantiers de réparation, activités touristiques, petits commerces des communes bordant les canaux, etc …

Et puis à l’heure où on s’efforce à développer le tourisme « fluvestre », où serait l’intérêt de se promener à vélo le long d’un cloaque sur des kilomètres ?

Nous les canaux, nous étions une fierté du patrimoine français et nous voulons continuer à l’être.

Beaucoup de navigateurs de pays voisins renoncent désormais à venir en France, de peur de rencontrer trop de difficultés et préfèrent rester dans leurs pays où les conditions de navigation sont bien meilleures.

Les Riquet, Freycinet, et tant d’autres, doivent être bien tristes en voyant l’état du réseau.

 

Ne dit-on pas :  « Pour toute volonté il y a un chemin »

De fait, toute la question est là !

Messieurs les décideurs de notre pays, avez-vous encore, au-delà des discours, une réelle volonté de sauvegarder ce merveilleux patrimoine ou allez-vous le laisser progressivement mourir ?

S’il vous plait, ne répondez pas par des mots.

Nous les canaux, ce que nous attendons ce sont des actes, VOS ACTES !

 

(source vidéo : Philippe C.)

 

 

Liste des liens vers les reportages citées dans la vidéo : 

 

Dans le canal de la Garonne, le combat contre une plante invasive
https://www.youtube.com/watch?v=fKSevfYrgV0

L’algue Myriophylle hétérophylle colonise le canal de la Somme
https://www.youtube.com/watch?v=d8kYnhbLmpw

Le canal de Bourgogne envahi par les algues
https://www.youtube.com/watch?v=aBJBQkovX-4

Le port de Saint-Jean-de-Losne s’est équipé d’une faucardeuse
https://www.youtube.com/watch?v=AeTIw-JP6ao

Une plante invasive prend racine dans le canal entre Champagne et Bourgogne
https://www.youtube.com/watch?v=d4u_uBfR31k

Invasion : Le fléau des canaux de la Meuse
https://www.youtube.com/watch?v=6VjQ8nWj3qA